Les châssis piste Tamiya
Un modèle radio-commandé, c'est essentiellement un châssis et une carrosserie : Tamiya a parfaitement compris cela depuis ses débuts dans le monde du modélisme radio-commandé en 1976. La marque aux 2 étoiles s'est fait une spécialité de décliner plusieurs modèles à partir d'un même châssis en faisant principalement varier les carrosseries et les jantes. L'intérêt est triple :
- élargissement de l'offre des modèles
- coûts de conception réduits
- rentabilisation de l'outil industriel
Ce que je viens de décrire, c'est très précisément la stratégie employée par les constructeurs de voitures à l'échelle 1. VAG (Volkswagen) en est un parfait exemple : le groupe produit des plateformes (des châssis) et des éléments (organes) comme les moteurs, suspensions etc... Chaque marque du groupe (12 marques en 2015) puise les éléments dont elle a besoin dans la banque d'organes du groupe pour créer un nouveau véhicule. Ainsi, et grossièrement, une VW Golf est aussi une Seat Leon, une Škoda Octavia ou une Audi A3 : plusieurs véhicules partageant une base commune, mais chacun avec ses spécificités en termes d'esthétique, de positionnement tarifaire et d'identité de marque. A ma connaissance, aujourd'hui encore, Tamiya est le seul fabricant de RC à avoir adopté cette stratégie, qui plus est pratiquement depuis ses débuts.
En effet, le développement d'un nouveau châssis peut prendre plusieurs années car il doit commercialement répondre à une attente réelle ou supposée du marché. Industriellement, toutes les pièces doivent être soigneusement étudiées de même que les matériaux employés et enfin, les moules de toutes les grappes de pièces et de la carrosserie doivent être fabriqués. En résumé, concevoir un nouveau châssis qui ne sera utilisé que par un seul modèle représente un risque industriel et commercial très important :
- commercialement, le modèle doit avoir une durée de vie très longue puisqu'il doit couvrir le délai nécessaire à la conception de son successeur. Il doit également assurer des revenus suffisants pour amortir ses coûts de conception et financer son successeur. Ceci qui implique que le fabricant n'a pas le droit à l'erreur : son modèle doit impérativement plaire au public et ne pas lasser rapidement.
- industriellement, les volumes de production doivent être très conséquents sous peine de faire exploser le prix de vente et de miner le succès du modèle auprès du public.
L'apparition et la disparition rapide de nombreuses marques en modélisme radio-commandé au cours de l'histoire atteste malheureusement de la cruelle réalité de ces contraintes. L'existence de fabricants spécialisés principalement dans l'offre de carrosseries démontre également le besoin du public de personnaliser ou tout du moins de disposer d'alternatives à l'offre standard proposée par les fabricants de modèles.
C'est pourquoi la stratégie de Tamiya dans ce domaine est particulièrement intéressante. Le fabricant japonais conçoit tout d'abord un châssis, puis il élargit de suite son offre en proposant plusieurs carrosseries qui font tout autant de modèles différents pour le public. Selon le succès de la plateforme, il poursuit les déclinaisons de carrosseries pour élargir davantage son offre. A plusieurs reprises, Tamiya a également fait évoluer certains châssis pour leur ouvrir de nouveaux marchés. Il lui a pour cela suffit d'élargir ou rétrécir les voies (les triangles), allonger ou réduire le débattement de la suspension et procéder parfois à quelques ajustements sur la pignonnerie pour adapter le rapport de transmission. Un châssis piste a ainsi pu évoluer en tout-terrain (TL-01 / TL-01B) ou l'inverse (DF-01 / TA-01).
Depuis 1976, la gamme Tamiya a ainsi connu plusieurs grandes familles de châssis, des évolutions de ces plateformes, mais également des déclinaisons pour les adapter à différents marchés. La présentation qui suit n'est pas destinée à être techniquement pointue ou exhaustive sur chaque châssis ou plateforme. Plus de 30 années de production sont couvertes : la chronologie de sortie des modèles n'est pas respectée afin de montrer une logique de gamme. Il s'agit d'une vue d'ensemble, d'une analyse qui va au-delà des modèles eux-mêmes pour déchiffrer les stratégies commerciales et industrielles de Tamiya.
Pour bien comprendre les premiers modèles de la marque, en piste comme en tout terrain, il faut se rappeler qu'en 1976, Tamiya est déjà un acteur majeur et réputé sur le marché du modélisme statique. Or ce fabricant commercialise une gamme de maquettes au 1/12ème appelée "Big Scale" (série qui existe toujours). C'est précisément dans cette gamme de produits que Tamiya va puiser les carrosseries de ses premiers modèles, ce qui explique pourquoi ils sont si détaillés et à cette échelle particulière. Au sens littéral, les premiers modèles radio-commandés de la marque aux 2 étoiles sont des maquettes roulantes : la boite portait d'ailleurs la mention "Suitable for Radio Control" (convient pour du modélisme radio-commandé).
Une idée reçue consiste à penser que Tamiya a sorti ses premiers modèles sur le principe suivant : 1 châssis = 1 modèle, et ce particulièrement pour les 50 à 60 premiers modèles de la gamme. Pas de manière systématique, mais l'idée générale serait que le fabricant japonais n'avait pas encore mis au point sa formidable stratégie commerciale et industrielle et qu'il a multiplié les châssis pratiquement à la même vitesse que les modèles. La réalité de l'époque est toute autre : certes, la démultiplication des modèles n'était pas aussi poussée qu'actuellement, mais on verra que Tamiya ne s'est pas lancé dans le monde du modélisme radio-commandé avec la fleur au fusil. Tout au contraire, il y a une vraie stratégie de marché, très efficace, et ce dès les premières années.
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Index des plateformes piste Tamiya
10. La plateforme FF 12. La plateforme XV 14. Conclusion |
Trêve de blabla, on attaque le voyage dans le temps au ras du bitume.
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