La plateforme GroupC
Le nom de cette plateforme fait référence aux modèles qui reproduisent des voitures de course grandeur nature qui évoluaient dans le Group C. Cette catégorie de compétition a existé de 1982 à 1993 et couvrait notamment différentes épreuves d'endurance comme les 24 heures du Mans. Toutefois, cette appellation est due aux fans et non à Tamiya puisque la grande majorité des modèles ont été produits avant même que le fabricant ne commence à nommer ses châssis.
Nous sommes en 1990 : le marché de la RC s'apprête à connaître un nouveau bouleversement après avoir connu l'apogée de la catégorie Pan-Car 1/12 dans la première moitié des années 80 et celle des buggys dans la seconde. A cette époque, l'offre de Tamiya en véhicules piste se limite aux quelques modèles de la plateforme Formula moderne. C'est le moment que choisit le fabricant pour concevoir une nouvelle plateforme en fusionnant son savoir-faire acquis précédemment et une nouvelle base déjà en cours de développement.
C'est pourquoi on peut considérer que la nouvelle plateforme GroupC est en quelque sorte un prolongement de la série Racing Master, bien que l'échelle utilisée et 5 longues années les séparent. La nouvelle GroupC va donc être conçue en reprenant la base des dernières générations de Racing Master, sur laquelle seront greffées les améliorations du tout nouveau châssis F101 en ce qui concerne la suspension et le train arrière, le tout assemblé autour d'un châssis baignoire fortement inspiré du DF-01 qui est en cours de développement. Pour simplifier à outrance, le nouveau châssis sera grossièrement construit de la manière suivante :
- train avant de Racing Master Mk.5 - Mk.7
- châssis baignoire de DF-01 modifié (notamment pour afiner la partie avant dans sa largeur)
- logement de l'accu pratiquement identique à celui du DF-01
- suspension et train arrière du F101
Bien évidemment, il ne s'agit pas d'un puzzle au sens strict, mais bien d'adaptations ou d'inspirations entre différentes cellules issues de différentes plateformes. Grossièrement et en images, voici le résultat du mariage entre le train avant d'un Racing Master mk.5 accouplé au châssis baignoire du DF-01, le tout motorisé par le train arrière d'un F101. Pour une comparaison directe des trois éléments, j'ai découpé le châssis GroupC en dessous selon le même schéma approximatif pour faire le parallèle.
Le résultat de ce mariage improbable est assez surprenant. Bien évidemment, le premier assemblage ne peut pas exister, même à grand renfort de colle pour maintenir le tout. Mais l'idée générale qui a conduit Tamiya dans le design du châssis GroupC est celle illustrée ci-dessus. Après ce découpage simpliste, voyons maintenant ce que les vrais ingénieurs de Tamiya ont réalisé :
Le châssis GroupC
58088 Mercedes-Benz C11 (1990)
58091 Nissan 300ZX IMSA (1990)
58092 Jaguar XJR-12 (1991)
58094 Honda NSX (1991)
58098 Ferrari F40 (1991)
58102 Mazda 787B (1992)
58109 Nissan R91 CP (1992)
58153 Daytona Thunder (1995)
58174 Street Devil (1996)
Le châssis GroupC est l'aboutissement de cette plateforme initiée par les Racing Master en 1980 : seulement 8 modèles succéderont au kit 58088 sans apporter la moindre modification au design du châssis. On remarquera deux "vagues" de production de ce châssis, la première qui concentre 7 modèles entre 1990 et 1992, puis une seconde en 1995-1996 mais avec cette particularité que les carrosseries de ces deux derniers représentants sont signées Parma et non Tamiya.
Conclusion sur la plateforme GroupC
La plateforme GroupC a probablement été l'expression d'une volonté de transposer à l'échelle 1/10 ce qui subsistait de la catégorie Pan-Car 1/12, Tamiya ayant ainsi rejoint une tentative qui fut (à ma connaissance) une initiative de Associated avec la RC10L à partir de 1989. On peut supposer que l'intention des fabricants pour "ramener" le Pan-Car 1/12 dans le giron de l'échelle 1/10 trouvait son origine dans le souhait d'unifier l'échelle de travail pour les designers et de faciliter le partage de pièces entre les différentes gammes de modèles au sein d'une même marque. Mécaniquement, ce changement d'échelle aurait permis la fusion des coûts de développement et de fabrication de deux lignes de produits, donc leur réduction.
Même si le GroupC a plutôt été un succès commercial chez Tamiya, il a surtout attiré des clients existants de la marque et de nouveaux clients. Les adeptes du Pan-Car 1/12 n'ont quant à eux pas franchi ce pas, que ce soit avec le GroupC Tamiya ou même le RC10L d'Associated. Au final, le Pan-Car 1/10 incarné par le GroupC chez Tamiya aura connu une carrière assez brève alors que le marché du Pan-Car 1/12 a continué d'exister, certes de manière confidentielle, mais toujours active jusqu'à nos jours.
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