La plateforme Grasshopper
Il s'agit de l'une des plus importantes lignées de châssis de toute l'histoire de Tamiya dans le secteur du modélisme radio-commandé, et celle ayant certainement généré le plus de ventes. Tout au moins sur le créneau du loisir d'entrée de gamme qui est particulièrement stratégique puisqu'il constitue le principal point d'entrée des nouveaux adeptes dans ce loisir. Le moins que l'on puisse dire est que Tamiya a visé particulièrement juste avec le Grasshopper lancé en 1984 (kit 58043).
Ce châssis buggy extrêmement robuste est d'une conception simple : une transmission inusable enfermée dans un pont fixe basculant, un châssis baignoire en résine d'ABS et de simples ressorts en guise d'amortisseurs. Les puristes qui découvrent ce châssis sont bons pour une crise cardiaque : le concept même de suspension ne peut pas s'appliquer à ce "machin" qui sautille en permanence, pas la moindre possibilité de réglage en vue, faire une course avec ce type de véhicule relève de la pure hérésie. Certes, mais l'avis des puristes à propos de ce modèle, tout le monde s'en moque : le Grasshopper n'est pas fait pour eux. Le Grasshopper est exclusivement destiné aux débutants dans le modélisme radio-commandé, aux jeunes et à tous ceux qui veulent s'amuser sans se prendre la tête : pour tous ceux-là, qui entre nous sont nettement plus nombreux que les acharnés de la compétition, le Grasshopper est tout simplement le meilleur modèle jamais conçu.
Le châssis original
La version grosses roues (CW-01)
La première évolution
La deuxième évolution (DT-01)
58043 Grasshopper (1984)
58063 Lunch Box (1987)
58074 The Grasshopper II (1988)
58205 Madbull (1997)
Ci-dessous, les deux plus importants modèles de cette plateforme en buggy et Grosses Roues : il s'agit des best-sellers de chaque ligne de produits, les trois premiers ayant même été réédités. La présence du Madbull peut paraître surprenante, et pourtant : ce modèle est commercialisé sans discontinuer depuis sa sortie et a même été ré-édité en 2011 à l'identique en conservant jusqu'à son numéro de référence.
Dans la présentation ci-dessus, les châssis ne semblent pas forcément appartenir à la même lignée au premier coup d'oeil, certains châssis portant même des noms spécifiques (que nous aborderons un peu plus loin dans cet article). Et pourtant, tous ont en commun la même base :
- le pont arrière est rigide et basculant ce qui procure un comportement sautilleur
- la transmission est d'une solidité à l'épreuve des balles
- tous vont donner de l'urticaire aux compétiteurs
C'est là le génie de Tamiya : avoir eu l'audace de proposer un châssis extrêmement fiable et solide, économique, et uniquement axé sur le loisir pur. Cette base mécanique a été ensuite adaptée à d'autres buggys comme le Hornet qui a lui aussi connu un immense succès puis à des véhicules grosses roues spécialisés dans le wheeling. Le Grasshopper II est une évolution discrète, essentiellement un Grasshopper avec un pont arrière mobile de Hornet. Le DT-01 est l'évolution suivante avec un pivot central sur le pont rigide arrière et le repositionnement de l'accu : il a lui aussi été décliné en buggy (le Mad Figter) et en un hybride buggy / grosses roues sur le Madbull.
La recette et le succès de cette plateforme ne se sont jamais démentis depuis sa création, preuve, s'il en fallait, que le loisir sans prétention représente un véritable attrait pour le public. Un seul modèle détonne un peu dans la série : le 58124 Super Hornet de 1994, une sorte de mise à jour du Hornet. Malgré son prestigieux héritage, il s'est apparemment peu vendu et ne suscite guère l'enthousiasme des collectionneurs.
Paradoxalement, nombreux sont les possesseurs d'un modèle de cette lignée à organiser des courses entre amis : c'est un moment de détente et de fous rires assurés. Essayer de maîtriser des véhicules qui sautillent et font des embardées, sans compter les modèles qui lèvent les roues avant dès qu'on touche la manette des gaz, ça relève moins du pilotage que du sauve-qui-peut.
Hornet
Grasshopper II
Lunch Box
Madbull
Les photos ci-dessus sont l'illustration de cette base de châssis en pleine action. La première montre combien le pilote doit lutter pour tenter de suivre le tracé de la piste car les embardées du train arrière sont totalement imprévisibles. La deuxième illustre le comportement typiquement sautilleur de ces bolides (la photo a été prise en pleine ligne droite sur un sol plat ). Sur la troisième, le Lunch Box fait ce qu'il réussit le mieux : ce n'est pas un hasard s'il est équipé d'une barre de wheeling. Quant à la dernière, elle montre le véhicule le plus stable de toute la lignée : la suspension très souple fait du Madbull une sorte de lézard des pistes capable de maintenir son cap malgré qu'une ou deux roues soit régulièrement projetée en l'air.
Vidéo de promotion du Grasshopper (© Tamiya)
Vidéo de promotion du Hornet (© Tamiya)
Sur la base du Grasshopper, Tamiya a produit une série de véhicules très solides, économiques et avant tout ludiques. Dans les années 80, il s'agissait des meilleures réponses aux besoins des débutants, plus ou moins jeunes, ou à tous ceux qui souhaitent s'amuser avec un modèle RC. Ces mêmes modèles, que ce soit en version de base (Grasshopper, Hornet) comme en version améliorée (CW-01 / DT-01), répondent toujours aussi bien de manière aussi efficace et ludique au même besoin... 30 ans plus tard !
Conclusion sur la plateforme Grasshopper
Cette plateforme a été l'un des plus importants piliers stratégiques de Tamiya au cours des années 80 :
- Industriellement : les volumes de production ont dépassé tous les records de la profession et continuent de le faire puisque des modèles sortis ou réédités récemment continuent d'utiliser les mêmes composants
- Commercialement : le public a massivement adoré les modèles dans la seconde moitié des années 80 provoquant de véritables invasions de sauterelles (Grasshopper) et de frelons (Hornet) partout sur la planète RC.
- Image de marque : c'est avec cette plateforme que Tamiya s'est forgé la réputation de proposer des modèles économiques à succès. Aujourd'hui encore, Tamiya conserve cette image de modèles "fun" et accessibles héritée des années 80 : ce qui a changé, c'est qu'aujourd'hui Tamiya a en plus l'image d'un multiple champion du monde qui domaine outrageusement sa catégorie (touring).
Ce qui est particulièrement intéressant avec la plateforme Grasshopper (et ses dérivés que nous allons voir juste après), c'est comment Tamiya a su trouver l'adéquation parfaite des modèles avec les besoins et les envies du jeune public dans les années 80. J'ose écrire "adéquation parfaite" vu le nombre de Grasshopper et Hornet lâchés dans la nature à l'époque, le Hornet était peut être le modèle RC le plus vendu de l'histoire de la RC.
Mais plus fascinant encore, le phénomène a recommencé dans la seconde moitié des années 2000 avec les premières ré-éditions des Grasshopper et Hornet si on en juge par le nombre de variantes dans les ré-éditions et leur nombre. Certes, l'ampleur est plus modeste que dans les années 80, car les temps ont changé : l'offre est aujourd'hui pléthorique et d'une variété qui n'existait pas dans les années 80. Néanmoins, ces modèles qui ravissaient les gamins des années 80 continuent de ravir ceux d'aujourd'hui élevés à l'informatique et au téléphone portable : d'une certaine manière, avouez que c'est rassurant (du haut de nos 40 ans ).
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