La plateforme SRB
Le nom de ces châssis signifie Special Racing Buggy mais n'a jamais été l'appellation officielle bien que la mention figure sur le manuel, la boite et le compartiment radio de tous les modèles (à l'exception des Holiday Buggy et Sand Rover). Tamiya ne commencera en effet à nommer ses châssis que bien plus tard.
La plateforme SRB fait partie des plus mythiques dans la gamme Tamiya. Elle est apparue en 1979 avec le Rough Rider et s'est achevée en 1982 avec le Super Champ qui en constitue l'ultime évolution... avant que Tamiya ne propose la ré-édition de plusieurs des modèles de cette série. Une version économique de cette plateforme a également équipé deux autres modèles, le Holiday Buggy (kit 58023 en 1980) et le Sand Rover (kit 58024 en 1981), bien que Tamiya n'ait jamais officiellement évoqué le moindre lien de parenté avec les SRB.
Châssis SRB version 1
L'arrière du châssis version 1
Châssis SRB version 2
L'arrière du châssis version 2
Ces photos sont celles des modèles ré-éditées à partir de 2009 : elles dépeignent l'architecture générale du châssis, ainsi que la géométrie très particulière du train arrière, la seconde version n'ayant équipé que le Super Champ. Les versions originales de ces châssis étaient pratiquement identiques à ces ré-éditions, les différences se situant sur des détails qui n'ont pas d'importance dans le cadre de cet article.
La série SRB est constituée des 4 modèles présentés ci-dessous en version originale :
58015 Rough Rider (1979)
58016 Sand Scorcher (1979)
58027 Ford F150 Ranger XLT (1981)
58034 Super Champ (1982)
A l'exception du Super Champ sur lequel les éléments sensibles sont protégés par des ballons, ces modèles disposent d'une boite radio étanche. Cette caractéristique, parmi d'autres, leur permet d'évoluer sur tous les terrains, et tout particulièrement sur la plage. La plage est de fait leur terrain de prédilection car ils souffrent par ailleurs de deux inconvénients majeurs :
- l'absence de différentiel
- une suspension peu efficace
Les avantages d'une transmission sans différentiel sont la solidité et l'excellente motricité, mais son inconvénient est que le véhicule plus difficile à maîtriser sur une surface à forte adhérence. De plus, le train arrière est pourvu d'un carrossage positif très important : les roues arrières sont fortement inclinées vers l'extérieur comme le montrent les photos de la première version du châssis. Ceci est dû à une architecture particulière : les roues sont reliées aux triangles par un axe rigide et non par un porte-fusées. La conséquence est que le mouvement des roues est exclusivement vertical : les pneus ne sont donc pleinement efficaces que lorsque la suspension est compressée, ce qui réduit d'autant l'adhérence du train.
La vidéo de promotion des Special Racing Buggy (© Tamiya)
La vidéo de promotion du Super Champ (© Tamiya)
D'autres vidéos de ces modèles sont disponibles sur Youtube.
Les SRB sont des modèles conçus pour la plage et le sable à l'image des véhicules grandeur nature dont ils s'inspirent (sauf peut être le Ford Ranger). Ils sont également très à l'aise sur les terrains boueux, y compris dans les flaques d'eau et de boue qui les attirent irrésistiblement.
La série des SRB ne s'arrête pourtant pas tout à fait à ces seuls 4 modèles mythiques car en 1980, Tamiya va proposer une version économique de la plateforme SRB :
58023 Holiday Buggy (1980)
58024 Sand Rover (1981)
L'arrière du châssis : suspension et pignonnerie
Le châssis en epoxy et la boite radio étanche des SRB ont ici été remplacés par un châssis baignoire, la transmission a été simplifiée et le moteur est devenu un modeste Mabuchi 380. Le carrossage et l'absence de différentiel sont toujours au rendez-vous, en revanche, la suspension a totalement disparu à l'arrière pour être remplacée par de simples tubes de caoutchouc coincés entre une plaque epoxy et les triangles. C'est donc la torsion de la plaque epoxy qui fait office de suspension. Les défauts des SRB sont préservés voire amplifiés, mais le principal sur cette version économique vient de la pignonnerie qui est laissée à l'air libre.
Vidéo de promotion du Holiday Buggy (© Tamiya)
Vidéo de promotion des Holiday Buggy et Sand Rover (© Tamiya)
Les Holiday Buggy et Sand Rover sont donc adaptés au sable, à condition qu'il soit bien plat pour que la suspension ne soit pas trop sollicitée et donc prise en défaut. Toutefois, il est prudent de prévenir les grains de sable de ne pas venir se mettre dans les pignons sous peine de les "tondre" en quelques minutes. Malgré tout, ces deux modèles de "plage" sont particulièrement recherchés pour leurs magnifiques carrosseries et leurs pilotes particulièrement détaillés et réalistes.
Conclusion sur la plateforme SRB
Tamiya réalise un coup de maître avec sa deuxième plateforme de modèles tout terrain alors même que sa présence sur le marché du modélisme radio-commandé est encore très récente : les modèles SRB sont un grand succès, aussi bien auprès du grand public que des compétiteurs de l'époque. Le marché commence à montrer les premières prémices de la folie tout terrain qui va s'emparer de lui à peine quelques années plus tard et au cours de laquelle Tamiya va écrire des pages très importantes de son histoire et de celle du monde du modélisme radio-commandé en général.
Pour bien les comprendre, il faut remettre les SRB dans leur contexte de l'époque : à la fin des années 70, principalement grâce à Kyosho, un buggy électrique est généralement un modèle thermique converti à l'électrique. Car les fabricants ne parient pas encore sur l'électrique et préfèrent convertir des modèles thermiques existants, ce qui explique que les buggys électriques de la fin des 70's soient très lourds et pas très rapides. Le domaine de l'éctrique est encore tout nouveau : pour rappel, Kyosho n'a converti son Eleck Peanuts, le premier buggy électrique de série, qu'en 1978.
C'est dans ce contexte qu'arrivent les SRB : plus légers, conçus spécifiquement pour l'électrique et non pas "convertis" depuis le thermique. Les SRB sont immédiatement devenus les meilleurs de leur époque : plus légers, plus rapides, plus performants (notamment en suspension), ils étaient les champions des courses tout-terrain au tout début des années 80, inscrivant leur nom en haut de tous les classements. Ils restèrent les rois des pistes jusqu'en 1982, date à laquelle Kyosho sort son Scorpion qui rendra obsolète les SRB avant de lui-même céder sa place à un autre rival 2 ans plus tard.
Le châssis SRB "version 2" du Super Champ montre quelques-unes des modifications radicales que les pilotes de l'époque réalisaient pour améliorer les performances et le comportement du buggy. Des "optionneurs" s'étaient d'ailleurs spécialisés en pièces de remplacement pour ce châssis, au point que les modèles "préparés course" ne conservaient généralement que les cellules avant et arrière, et encore, en y greffant des modifications. Un peu comme celui-ci par exemple, qui appartenait à Old Fella, un membre de Tamiyaclub :
Un vrai châssis de compétition, le plus performant de son époque avant qu'un autre châssis encore plus évolué ne vienne le détrôner.
En ce qui concerne la version économique des SRB incarnée par les Holiday Buggy et Sand Rover, ils ont été également de grands succès commerciaux, bien que relativement peu d'exemplaires aient survécu jusqu'à notre époque. La faute à une transmission à ciel ouvert qui ne résistait pas bien longtemps aux inévitables débris en tout terrain, à une certaine fragilité du châssis notamment à l'avant, et à des carrosseries magnifiques mais qui pouvaient être facilement endommagées en cas de choc.
Il reste que la plateforme SRB au sens large a été un très grand succès pour Tamiya alors qu'il s'agissait des premiers buggys de la marque. Ils vont activement participer à la déferlante de buggys qui vont dominer toutes les années 80.
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