La plateforme Falcon

Cette plateforme de châssis n'a pas de nom, ni officiel ni officieux : je l'appellerai donc Falcon du nom du premier modèle à l'avoir utilisé. Elle compte trois générations et sept modèles en tout : la première a été l'un des plus grands succès commerciaux de Tamiya. Pour la suivante en revanche, si les ventes semblent avoir été d'un bon niveau à l'époque, sa popularité est très pratiquement nulle auprès des collectionneurs et du public en général près de 30 plus tard. La troisième génération repose avant tout sur le succès d'un seul modèle, mais il faut prendre en considération que le marché s'était massivement tourné vers les modèles piste quand ils sont sortis.

En ce qui concerne la filiation entre les 3 générations, elle ne pose pas vraiment question entre la première et la deuxième. C'est au niveau de la troisième que les avis divergent : pour ma part, la partie centrale sur châssis étant strictement identique à celle du Falcon, je considère qu'il s'agit d'une évolution de la plateforme comme cela c'était déjà produit auparavant dans l'histoire des modèles Tamiya.

 

58056 The Falcon (1986)

Tamiya 5856 The Falcon

Le châssis du Falcon

Tamiya 5856 The Falcon Chassis

Le Falcon en action

Tamiya 5856 The Falcon action shot

 

Vidéo de promotion du Falcon (© Tamiya)

 

Le Falcon est destiné au loisir comme le prouvent les 2 seuls rapports de démultiplication possibles. Ce buggy est extrêmement stable, rapide et bien suspendu : à l'époque, il a connu un succès très important auprès du public, essentiellement des débutants ou des personnes qui connaissaient déjà les Frog, Grasshopper ou Hornet et qui souhaitaient un buggy plus évolué. Ce modèle n'a qu'un seul défaut : la jonction entre la cellule avant et la baignoire du châssis souffre d'une faiblesse qui occasionne rapidement une casse après avoir encaissé trop de chocs. Toutefois, il était relativement simple de bricoler une réparation de fortune pour remédier au problème : à défaut d'être esthétique, elle a certainement permis à de nombreux propriétaires de Falcon de profiter plus longtemps de leur modèle.

La deuxième génération apparaîtra dès 1987. En réalité, il s'agit d'une version économique du Falcon : les amortisseurs arrière sont à friction et les avant sont ceux du Grasshopper. La carrosserie en ABS est également très particulière : elle ressemble à ... disons que Tamiya la présentait comme celle d'une "Formule 1". Le Sonic Fighter sera proposé quelques mois plus tard en améliorant le plus gros défaut du Striker : les quatre amortisseurs deviendront hydrauliques et feront du bien au comportement général du châssis. La carrosserie sera cette fois présentée comme celle d'un avion de chasse.

 

58061 Striker (1987)

Tamiya 5861 Striker

58071 Sonic Fighter (1988)

Tamiya 58071 Sonic Fighter

Le concept de châssis-carrosserie

Tamiya 58071 Sonic Fighter Chassis-bodyshell

 

Vidéo de promotion du Striker (© Tamiya)

Vidéo de promotion du Sonic Fighter (© Tamiya)

 

Si l'on considère le Striker et le Sonic Fighter en tant que successeurs et évolutions du Falcon, alors le bilan est assez calamiteux. Sauf qu'il ne s'agit pas de modèles destinés à prendre la relève du si populaire Falcon : en réalité cette deuxième génération est un complément économique au Falcon. Dit autrement, ce sont des Falcon moins chers... et donc fort logiquement moins performants à tous les niveaux. En ce qui concerne les carrosseries, si elles peuvent occasionner des lésions à l'oeil chez certains, elles n'ont absolument pas perturbé le volume des ventes : ces deux modèles, tout particulièrement le Striker, se sont bien vendus, certes pas autant que le Falcon, mais on peut tout de même les qualifier de succès auprès des débutants de l'époque. Quant à l'esthétique des carrosseries, replongez dans vos souvenirs des années 80 (si vous avez l'âge) ou dans les films de l'époque : sincèrement, on osait tout à l'époque en terme de "style", donc des buggys "Formule 1" ou "avion de chasse", ça cadrait bien à l'époque laughing

La troisième génération de la plateforme Falcon apparaît en 1991 avec le kit 58093 Bear Hawk alors que Tamiya s'apprête à bouleverser le marché de la RC : la version buggy sera limitée à ce seul modèle, alors que des versions Stadium prendront le relais un peu plus d'un an et demi plus tard.

 

Le Bear Hawk en piste

Tamiya 58093 Bear Hawk at the track

58106 Stadium Blitzer (1992)

Tamiya 58106 Stadium Blitzer

58181 Stadium Thunder (1996)

Tamiya 58181 Stadium Thunder

 

Vidéo du Bear Hawk

 

Le Bear Hawk se positionne sur l'entrée de gamme des buggys 2 roues motrices comme en attestent ses amortisseurs à friction rouges qui avaient été introduits 2 ans plus tôt sur le Madcap, modèle qui fournit également ses roues dont les jantes sont devenues grises pour l'occasion. La carrosserie du Bear Hawk sera réutilisée 10 ans plus tard par Tamiya qui ajoutera un aileron pour la greffer directement sur le Mad Fighter.

Les Stadium Blitzer et Stadium Thunder ouvrent une nouvelle niche de marché à Tamiya, celle de la catégorie Stadium notamment populaire aux USA sous l'impulsion d'Associated. Bien que les collectionneurs ne soient pas particulièrement friands de ces modèles, ils ont connu un cycle de production particulièrement long ce qui tend à démontrer que le public a apprécié ces modèles.

Mais le modèle de la série qui connaîtra le plus grand succès commercial est le Blitzer Beetle équipé de la troisième adaptation de la populaire carrosserie de la Volkswagen Beetle en version Baja, après le Sand Scorcher en 1979 et le Monster Beetle en 1986. Outre les qualités du châssis dans cette version Stadium, c'est surtout la carrosserie qui va provoquer l'engouement du public. Il est à noter que Tamiya va même produire une série limitée de ce modèle avec une carrosserie chromée en 1999.

 

58122 Blitzer Beetle (1996)

Tamiya 58122 Blitzer Beetle

58252 Blitzer Beetle Chrome Metallic (1999)

Tamiya 58252 Blitzer Beetle Chrome Metallic

 

Cette version Chrome Metallic apparaît comme l'apothéose du très populaire Blitzer Beetle, certainement une manière pour Tamiya d'offrir aux fans une dernière version d'exception aux fans... à moins que cette série limitée n'ait été une manière élégante d'épuiser les stocks.

 

Conclusion sur la plateforme Falcon 

Encore une fois, la question de la filiation depuis le Falcon jusqu'aux versions Stadium n'est pas forcément partagée par tous les collectionneurs. Le fait est que la mention "The Falcon" est gravée sur le châssis d'un Blitzer Beetle : c'est pour moi le signe d'une filiation, même si les "générations" ont introduit beaucoup de modifications dans le reste de l'architecture du châssis.

En ce qui concerne le Falcon, c'est l'une des meilleures ventes de tous les temps de Tamiya. Ses versions économiques, aussi désuètes peuvent-elles nous sembler aujourd'hui, sont passées par les mains de très nombreux débutants à l'époque : pour en connaître un (qui se reconnaîtra laughing), le Striker évoque de très nombreux et agréables souvenirs... et aussi les débuts de la mécanique pour réparer le châssis.

Le Bear Hawk n'a pas connu un grand succès, malgré qu'il s'agit d'un très bon buggy une fois que les amortisseurs d'origine à friction sont remplacés par des modèles hydrauliques. A l'époque, il est en concurrence avec les Madcap et Astute qui sont plus performants, avant d'affronter le raz de marée provoqué par le TA-01. Quant aux versions Stadium, difficile d'évaluer leur succès car la catégorie ne s'est pas beaucoup développée à l'époque en Europe, mais il semble qu'aux Etats-Unis (au moins), ils aient été populaires. Le Blitzer Beetle pour sa part est une exception : dès que Tamiya pose cette carrosserie sur un modèle, c'est un succès immédiat, peu importe (ou presque) le châssis qui se trouve au-dessous.

Au final, la plateforme Falcon semblait promise à un bel avenir avec l'énorme succès du Falcon puis les bonnes ventes des Striker / Sonic Fighter. Elle s'est ensuite éteinte, ou plutôt, elle a été balayée par les châssis piste : d'une certaine manière, le Bear Hawk incarne cette extinction massive des buggys au début des années 90. Malgré tout, il survivra presque 10 ans sous la forme des Stadium Trucks qui ont connu leur heure de gloire sur un marché tout terrain devenu beaucoup plus confidentiel.

 

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