La plateforme Astute

Cette plateforme ne porte aucun nom officiel, et les fans ne lui en ont pas donné non plus : c'est pourquoi j'utiliserai nom du premier modèle qui l'a utilisée pour désigner cette plateforme. Il s'agit de la première plateforme de buggy tout terrain 2 roues motrices qui est dédiée à la compétition dans la gamme Tamiya. Cette plateforme compte trois groupes distincts de modèles :

• les buggys de compétition
• les buggys de loisir
• les Stadium Trucks

Très clairement, cette plateforme s'inscrit dans la continuité de l'Avante, c'est à dire dans une lignée plus moderne, plus sérieuse aussi, ce qui se traduit notamment par des noms des buggys qui ne sont plus inspirés par le règne animal. Au niveau des carrosseries également, les designers de Tamiya sont beaucoup plus sages, plus conventionnels.

Tout dans l'Astute montre que ce buggy a été conçu pour la compétition. Malheureusement, on retrouve certains des défauts de l'Avante, notamment ce sentiment de "trop" : trop complexe, trop travaillé, trop "voiture d'ingénieur". Le principal défaut de l'Astute se situe au niveau du train avant : fort logiquement avec un buggy 2 roues motrices, Tamiya a placé le maximum de poids sur l'arrière du châssis. Malheureusement, le train avant s'en trouve tellement soulagé qu'il peine à trouver l'adhérence en virage, ce qui provoque un sous-virage prononcé. Malgré cela, l'Astute se vendra bien et sera très appréciée des pilotes en club. Jamie Booth parviendra à remporter le championnat d'Europe en 1991 avec une Astute modifiée (et surtout simplifiée), mais ce sera le seul véritable fait d'arme de ce buggy.

Sortie 2 ans plus tard, la Super Astute va corriger les défauts de son aînée, notamment avec le repositionnement de l'accu dans le sens du châssis pour gagner en directivité. Elle gagne également en fiabilité (notamment la transmission) et en simplicité. Mais surtout, la Super Astute introduit le TTC (Tamiya Traction Control), l'équivalent du "slipper" qu'Associated a implanté sur son RC10 en 1990. La Super Astute est véritablement la version aboutie de l'Astute : le modèle se vendra bien et elle sera souvent alignée dans les compétitions de l'époque.

Comme le Vanquish avec l'Avante, Tamiya décline son Astute dans des versions grand public plus économiques avec le Madcap et le Saint Dragon.

Le Madcap est un buggy bien adapté pour débuter la compétition en club, à condition de l'améliorer un peu (amortisseurs et roulements à billes). Malheureusement, sa transmission souffre du même symptôme de fragilité que celle de l'Astute. Techniquement, le Saint Dragon identique au Madcap, seule la carrosserie et la couleur des amortisseurs à friction changent : cependant, c'est un modèle qui s'est peu vendu en Europe et aux Etats-Unis du fait de sa carrosserie "manga", au contraire du Japon et d'une bonne partie de l'Asie où les mangas faisaient fureur à la fin des années 80. Le style de la carrosserie du Saint Dragon est à rapprocher de celles des Thunder Dragon et Fire Dragon vus précédemment.

Dans le même temps, Tamiya adapte la transmission et les triangles de l'Astute sur un châssis baignoire pour proposer une déclinaison Stadium Truck, une nouvelle discipline qui prend son essor notamment aux Etats-Unis à cette époque.

Le King Cab et le Hilux Monster Racer sont considérés comme des références sur le segment des Stadium Trucks de l'époque et ils ont été très souvent alignés en compétition bien que la faiblesse de leur transmission ait posé autant voire plus de problèmes que sur l'Astute du fait des plus grosses roues.

Il existe une dernière évolution peu connue de la plateforme Astute. En réalité, il s'agit d'un développement spécifique mené par le Team TRF sur la base de la Super Astute. Le prototype qui en a résulté début 1992 s'appelle TRF211X : 

• suspension de la Super Astute
• géométrie de la Super Astute
• transmission entièrement nouvelle
• nouveaux amortisseurs
• châssis en carbone 

Le TRF211X ne sera jamais commercialisé mais donnera naissance aux kits 58116 Dyna Storm et 58123 Dyna Blaster. Ces deux modèles reprendront l'essentiel du TRF211X, sauf certains matériaux pour des raisons de coût. Enfin, le Dyna Storm conservera les lignes de la carrosserie du prototype TRF211X.

Le Dyna Storm va connaître un certain succès dans les compétitions en club grâce à l'équilibre de son châssis, sa suspension très performante grâce aux Sleeved Dampers et une transmission fiable et performante. Malheureusement, certaines pièces du châssis sont fragiles et nuisent à la fiabilité générale du buggy.

Le Dyna Storm a lui aussi été décliné en version Stadium, avec deux variantes, l'une électrique sous la forme du Dyna Blaster et l'autre thermique avec le TR-15T :

Le Dyna Blaster n'a pas connu une aussi belle carrière que les Stadium Trucks basés sur l'Astute du fait de la fragilité de son châssis. Ce symptôme a également affecté le TR-15T qui fut l'un des premiers Stadium Truck thermiques du marché.

Conclusion sur la plateforme Astute 

Stratégiquement, la plateforme Astute est aussi essentielle que l'Avante pour Tamiya, toute proportion gardée puisque le marché du tout terrain 2 roues motrices n'a pas la même importance ni le même prestige que celui des 4 roues motrices. Néanmoins, la stratégie développée par Tamiya avec l'Astute visait exactement le même objectif qu'avec l'Avante : figurer au plus haut niveau dans les compétitions internationales. Là non plus, l'objectif ne sera pas atteint, mais les résultats seront un peu meilleurs qu'avec l'Avante car les Astute et Super Astute ont souvent été adoptées en club. Sur le plan économique, les résultats furent meilleurs qu'avec la plateforme Avante car les Madcap et Saint Dragon ont été des succès commerciaux, tout comme les versions Stadium Trucks qui sont même devenues des références en compétition dans leur catégorie à l'époque.

Avec la plateforme Astute, Tamiya affiche là aussi sa très ferme volonté d'investir sérieusement le monde de la compétition. Comme avec l'Avante, des moyens considérables ont été investis dans cet objectif, et si les résultats n'ont pas été pleinement atteints, on ne peut en aucun cas parler d'échec. Industriellement et commercialement, la plateforme Astute était plus rationnelle que celle de l'Avante car elle permet notamment des déclinaisons sur trois segments de marché à partir d'une base commune.

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