La plateforme CC
Le nom de cette plateforme signifie Cross Country, d'où l'acronyme CC, ou XC comme l'appellent certains, puisque le X peut être l'abréviation de Cross (croix) en anglais. Cette plateforme est conçue pour reproduire ce dont les véhicules 4x4 du monde réel sont capables lorsqu'ils s'aventurent sur les chemins de forêt ou dans les champs, loin du bitume confortable des villes.
Le châssis CC-01
Un détail va fortement influer sur le succès commercial des modèles : comme le vrai Mitsubishi Pajero qui a équipé le premier modèle de la série (et d'autres par la suite), le châssis est équipé d'un moteur situé en position avant, d'un cardan central articulé, d'une suspension avant triangulée et d'un pont rigide à l'arrière. Pour certains, ce réalisme mécanique du châssis est un argument important : en effet, la plateforme initialement destinée à être "simplement" tout-chemin va être quelque peu détournée pour devenir ce qui est depuis devenu une nouvelle discipline en RC, le trial scale. Par ailleurs, on remarque également que le pont arrière a été conçu dès le départ de manière à proposer deux empattements. De plus, les très fidèles carrosseries moulées en ABS ajouteront un réalisme qui contribuera largement au succès de la série.
Cette série a connu plusieurs cycles dans sa vie commerciale, la première vague comptant six modèles sortis entre 1994 et 2004.
58141 Jeep Wrangler (1994)
58152 Isuzu mu (1994)
58166 Isuzu mu Type X (1995)
58178 Honda CRV Sport Utility (1996)
58324 Volkswagen Race Touareg (2004)
Au sein de cette première vague de modèles, les deux premiers modèles sont les plus emblématiques de la série, bien que le second ait connu une période de commercialisation extrêmement brève. Une hypothèse veut que Tamiya ait connu des problèmes de droits de licence pour reproduire la carrosserie de la Jeep Wrangler : quelle que soit la raison, ce modèle est devenu rare dès sa commercialisation, ce qui l'a immédiatement transformé en collector jusqu'à sa ré-édition en 2009. Le kit 58152 Isuzu mu introduit une variante "low rider" qui consiste en des roues "piste" et des amortisseurs plus courts : peu populaire à l'époque (tout comme le vrai modèle qu'il reproduit, appelé Opel Frontera en Europe), il est également devenu collector du fait de cette particularité. Dans cette série, le dernier modèle sorti assez tardivement fait un peu figure d'exception : c'est le seul équipé d'une carrosserie en lexan et plutôt destiné à une pratique type "rallye raid". Sa carrosserie reproduit le Volkswagen Race Touareg qui a remporté la course Paris-Dakar, le parfait exemple de ce que le châssis CC-01 peut également reproduire de manière réaliste.
Pour expliquer le succès de cette série, il est nécessaire de bien faire la distinction entre l'usage pour lequel Tamiya a conçu ces modèles, et celui auquel de nombreux fans les ont destinés : comme en attestent l'architecture du châssis, certaines carrosseries et les ratios de transmission plutôt longs, ces modèles reproduisent fidèlement les véhicules grandeur nature, depuis la carrosserie jusqu'à la mécanique du châssis. Les modèles sont donc aussi polyvalents que ceux qu'ils répliquent : plutôt à l'aise sur bitume, ils peuvent s'aventurer sur les chemins de terre et dans les champs. Typiquement, leurs terrains de jeu favoris sont les parcs publics.
Cependant, Tamiya a inclus la possibilité de bloquer le différentiel arrière des modèles, de manière à augmenter leurs capacités d'évolution sur les terrains à faible adhérence. Cette possibilité, combinée au réalisme mécanique du châssis et à celui des carrosseries, a rapidement conduit de nombreux fans à convertir les modèles en purs baroudeurs, au point de créer de fait une nouvelle discipline en RC : le trial scale. Concrètement, il s'agit de répliquer de la manière la plus réaliste possible le comportement de véhicules 4x4 dans un environnement naturel, y compris sous forme de compétition sur des parcours imposés. Dans cet exercice, le châssis CC-01 est particulièrement doué, comme le montrent ces vidéos :
La plateforme CC-01 a connu une relative période de sommeil sur la fin des années 90 et une bonne partie des années 2000, malgré la présence au catalogue du Volkswagen Race Touareg et de son orientation "rallye raid" un peu différente de celle des premiers modèles. Fin 2008, Tamiya ré-édite le Mitsubishi Pajero en série limitée, certainement pour déterminer si ce type de modèle a toujours sa place sur le marché. Visiblement, la demande était au rendez-vous car le châssis CC-01 effectue un retour en force dans la gamme :
84071 Jeep Wrangler (2009)
58445 Toyota Land Cruiser 40 (2009)
58457 Mercedes-Benz Unimog U406 (2010)
58469 Ford Bronco 73 (2010)
58564 Toyota Land Cruiser 40 Black Edition (2013)
58579 LandFreeder (2013)
58588 Toyota FJ Cruiser (2014)
58602 Mitsubishi Pajero Rally Sports (2015)
58609 Mercedes-Benz Unimog 425 (2015)
Presque 20 ans après ses débuts, la deuxième vague de modèles est encore plus fournie qu'à l'origine, et la série est toujours en cours ! Un tel phénomène n'a pas d'équivalent dans la gamme Tamiya, et à ma connaissance, il n'en existe pas non plus dans la RC en général. Cependant, même dans l'hypothèse où la production et la commercialisation du châssis CC-01 n'aurait jamais été interrompue (ce qui est possible, je n'ai pas de confirmation), il ne s'agit pas du plus ancien châssis encore en activité dans la gamme Tamiya : il existe encore plus exceptionnel ! Nous verrons cela un peu plus loin.
Conclusion sur la plateforme CC
Le châssis CC-01 est le seul représentant de cette plateforme. Au cours de sa première carrière fructueuse au début des années 90, ce châssis a permis l'émergence du trial scale, une nouvelle catégorie dans le modélisme radio-commandé qui est avant tout basée sur le réalisme des modèles et de leur évolution en tout terrain. C'est une catégorie qui privilégie à la fois l'aspect maquette pour ce qui est de l'esthétique des modèles et celui du réalisme dans le comportement des modèles, deux caractéristiques qui s'inscrivent dans le savoir-faire traditionnel de Tamiya. Dans ce sens, le châssis CC-01 s'inscrit pour partie dans la continuité des mythiques 3 Speed : cette fois, l'architecture du châssis a cédé aux exigences d'efficacité du comportement des modèles, mais ce sacrifice permet finalement un réalisme plus global dans le comportement des modèles.
Le succès de la deuxième vague de modèles est à la fois une bonne nouvelle et une moins bonne : en effet, il est intéressant que ce châssis plaise encore, peut être même davantage qu'il y a 25 ans lors de sa sortie. En revanche, cela condamne probablement une évolution du châssis à court terme vers un CC-02 qui corrigerait certains défauts du CC-01, en particulier un système de direction perfectible et de plus grandes possibilité de réduire le rapport de transmission afin de l'adapter à des vitesses d'évolution beaucoup plus lentes en trial scale.
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