Les usines à électrons

Batteries

Bien avant que l'écologie forcenée n'envahisse nos vies, bien avant que Toyota n'ait l'idée de sa Prius, le modélisme radio-commandé s'était déjà mis à la propulsion électrique depuis plusieurs années.

Car depuis l'apparition du premier modèle RC électrique, la question des "piles" s'est posée pour propulser nos modèles. La question n'est pas nouvelle car la première RC électrique produite en série a fait son apparition sur le marché en 1965 : il s'agissait de la Porsche 904 fabriquée par Hegi (Allemagne). Auparavant, il existait déjà des jouets radio-commandés à propulsion électrique, généralement en métal, très réalistes (comme le camion présenté ci-dessous) et très chers, mais ils n'étaient pas conçus pour "faire la course". 

 

 

CIJ Renault "Fainéant" (1954)

CIJ Renault Fainéant

© Julien de Vintage-RC, à voir ici et

Hegi Porsche 904 GTS (1965)

Hegi Porsche 904 GTS

© Pro 10 Classic

 

La RC électrique ne date donc pas d'hier, même si elle ne s'est véritablement démocratisée qu'au cours des années 80 (ce qui ne date pas non plus d'hier laughing). Je vais donc retracer brièvement l'histoire de ces différentes "usines à électrons" avant d'aborder plus en détail l'offre actuelle.

 

Les piles sèches

A la fin des années 70, les modèles radio-commandés à propulsion électrique connaissent leurs premiers succès. Il n'existe pas encore d'offre très étoffée, d'où le recours aux piles sèches de 1,5V voire aux piles rechargeables de 1,2V (Ni-Cd, voir plus bas). Le format généralement retenu est l'UM2 (désormais connu sous l'appellation LR14) comme on peut le constater sur le premier RC Guide Book Tamiya qui présente la fameuse Porsche 934 Turbo RSR :

 

Tamiya Porsche 934 Turbo RSR (1976)

Tamiya 58001 Porsche 934 Turbo RSR

Tamiya Martini Porsche 935 Turbo (1977)

Tamiya 58002 Martini Porsche 935 Turbo

 

On notera également la présence d'un porte-piles placé à l'arrière des châssis : il est destiné à accueillir 4 piles 1.5V (ou accus 1.2V) pour alimenter le récepteur et les servos. Sur la deuxième photo (qui correspond au 2ème modèle RC Tamiya), un accu a déjà remplacé les éléments séparés qui alimentaient la Porsche 934. 

Avant de passer aux accus Ni-Cd, un mot sur cette valeur de 1.2V qui va littéralement définir l'alimentation électrique de tous les modèles RC jusqu'à nos jours : 

  • 4 éléments rechargeables de 1.2V => 4.8V
  • 4 piles non rechargeables de 1.5V => 6.0V
  • 6 éléments rechargeables de 1.2V => 7.2V 

Nous avons ici les valeurs de tension que l'on retrouve encore actuellement dans nos modèles : la majorité des servos et des récepteurs fonctionnent encore entre 4.8V et 6V alors que les accus Ni-Cd et Ni-MH sont en 7.2V (il y a eu quelques tentatives en 8.4V). 

 

Les accus Ni-Cd et NiMH

Comme nous venons de le voir au point précédent, les piles sèches ont très rapidement cédé la place à des "packs" d'accus dédiés à nos modèles. Au début, ces packs étaient souvent proposés directement par les fabricants de modèles RC eux-mêmes, peut être en réponse à la pénurie d'offre adaptée. Une petite précision : on parle d'accus Ni-Cd pour nickel-cadmium. On les appelle aussi communément NiCad en référence à la marque commerciale du fabricant français SAFT.

Bien que d'un coût très élevé par rapport aux piles sèches, les premiers accus Ni-Cd (par éléments ou en packs) possédaient déjà une caractéristique très importance : un taux de décharge largement supérieur. Ce taux n'est pas sans effet, comme le précise Tamiya dans son Catalogue de 1977 en indiquant la vitesse de pointe maximale de sa célèbre Porsche 934 selon le type de pile :

 

Tamiya 58001 Porsche 934 Turbo RSR Dry Cells NiCD comparison

 

La différence n'est pas négligeable... Nous reviendrons plus tard sur cette notion de taux de décharge.

La RC électrique en est toujours à ses débuts en cette fin des années 70 début des années 80 : selon les modèles et l'architecture des châssis, les fabricants adaptent parfois la forme des packs à leurs besoins car il n'existe pas encore de véritable standard en la matière. Parallèlement, on assiste à l'ajout d'un sixième élément afin de gagner en tension et donc en performances :

 

Tamiya NiCD battery pack formats

 

Dans l'image ci-dessus, le pack rectangulaire au centre comporte 5 éléments : c'est le premier pack proposé par Tamiya. Ses dimensions vont influer sur le design des châssis pendant presque 10 ans.

A gauche, le fameux "hump pack" (pack bossu) introduit avec le châssis SRB du Rough Rider en 1979 : il offre 6 éléments et délivre une tension de 7.2V. Cette disposition particulière des éléments permet de conserver le même encombrement "au sol" que le pack précédent, ce qui assure une plus grande compatibilité avec les châssis existants (à condition que la carrosserie permette le passage de l'élément supérieur).

En bas à droite, le pack "haute capacité" des châssis 3Speed qui offre une autonomie proche de 30 minutes : il est spécifique à ces modèles et non compatible avec les autres châssis. L'accu "hump pack" peut toutefois être utilisé sur les 3Speed, mais l'autonomie chute alors à 6-8 minutes environ.

En haut à droite enfin, le format qui s'est imposé comme standard dans l'industrie : le pack 6 éléments en stick que nous connaissons encore. Dans la gamme Tamiya, il est apparu pour la première fois en 1982 sur le modèle 58032 Tornado RM Mk.3 avant de s'imposer progressivement comme format unique sur l'ensemble de la gamme (hors bases de châssis déjà existantes, donc).

Un mot enfin sur les accus NiMH (nickel-hydrure métallique, nickel-metal hydride en anglais) : ils ont progressivement remplacé les Ni-Cd qui ont été "diabolisés" à partir des années 90. La disparition des accus Ni-Cd tient principalement à l'argument écologique : le plomb et le cadmium qu'ils contiennent sont des métaux lourds extrêmement polluants. On invoque également une moindre sensibilité à "l'effet mémoire" (diminution de la capacité) que les Ni-Cd : argument très douteux que tous ceux qui entretiennent correctement leurs accus ont pu mesurer dans des proportions pratiquement équivalentes sur les deux types d'accus. Dernier argument en faveur de la technologie NiMH : une capacité de stockage supérieure au Ni-Cd. Il est indéniable que les NiMH actuels offrent beaucoup plus d'autonomie que les Ni-Cd... d'il y a 20 ans ou plus.

Ce qui est rarement évoqué en revanche, c'est la durée de vie deux fois plus faible des NiMH (en nombre de cycles charge/décharge à qualité d'élément comparable).

Conclusion : si vous avez encore des accus Ni-Cd fonctionnels, continuez de vous en servir régulièrement. Ils ont déjà duré plus que n'importe quel accu NiMH et dureront encore potentiellement plus longtemps qu'un NiMH neuf. Toutefois, veillez scrupuleusement à les déposer au recyclage lorsqu'ils ne seront plus d'utilité.

 

FlickR