Le châssis du Dyna Storm
L'un des aspects mécaniques souvent évoqué à propos du Dyna Storm concerne la transmission, et plus particulièrement le slipper ou MDC pour Multi Disc Clutch comme Tamiya l'a nommé. Dans les faits, il s'agit de l'évolution du TTC (Tamiya Traction Control) de la Super Astute : même principe, cette fois avec 7 disques. Nous reparlerons de cet aspect de la transmission un peu plus tard.
Après démontage intégral et vérification, l'ensemble du châssis est impeccable. L'installation de tous les éléments électroniques se déroule de manière très naturelle... ou presque :
Tout d'abord un moteur qui convient idéalement pour ce modèle puisqu'il s'agit du Dyna Storm Special : trouvé à prix très raisonnable sur un célèbre site d'enchères, il est le parfait complément qui manquait à mon châssis. Si je n'avais pas trouvé cette perle rare, j'aurais tout d'abord installé un Sport Tuned pour les premiers tests avant de peut être greffer un SuperStock BZ.
Pour contrôler la puissance du moteur, un variateur TEU-302BK : je ne suis pas du tout certain qu'il puisse tenir face aux exigences du moteur 14T puisque la limite de ce variateur est théoriquement de 17T. Je compte à la fois sur le fait que les moteurs 14T de l'époque n'étaient pas aussi exigeants que ceux d'aujourd'hui et sur la limite de puissance que je programmerai sur la radio pour limiter les risques. Pas sûr que ce soit suffisant toutefois.
Enfin, le point qui m'a ennuyé : une découpe dans le logement d'accus qui avait été dimensionné au plus juste pour les accus de l'époque. Avec l'augmentation des capacités, les accus d'aujourd'hui sont légèrement plus longs que ceux du début des années 90 : malheureusement, ces 3 à 5mm d'embonpoint dépassent les marges de tolérance de l'époque. Les câbles se retrouvent comprimés à l'extrême et j'ai dû pratiquer une ouverture pour leur donner un peu plus de liberté.
Dernier détail : le tube d'antenne est rose. Rose parce que c'est un hommage au moteur tellement j'étais content de l'avoir trouvé .
Mon Dyna Storm est désormais prêt à rouler. Vous remarquerez combien le câble de l'accu est proche de la tête du servo de direction : c'est pourquoi, en plus de la découpe nécessaire, j'utilise la barrette de fermeture de la trappe d'accus pour maintenir fermement les câbles.
Caractéristiques notables du châssis du Dyna Storm
Avant de parler de l'essai en piste, revenons sur d'autres aspects du châssis : au premier regard, j'ai été immédiatement surpris par le train avant alors que la cellule arrière avait grossièrement, au premier abord, un air de déjà-vu avec mon Madcap.
Les photos montrent la cambrure du train avant par rapport au reste du châssis : l'angle de fixation des triangles est loin d'être horizontal. C'est d'ailleurs l'angle d'anti-plongée le plus prononcé de tous les modèles de ma collection. En dehors de donner un look de "killer" au modèle, l'anti-plongée a des vertus :
Sans anti-plongée
Avec anti-plongée
Note aux spécialistes : ce qui suit est une explication volontairement simple. Excusez le manque de précision.
Ces schémas représentent les vecteurs des forces subies par le train avant lorsqu'il bute contre un obstacle à franchir (bosse, caillou etc...). La ligne rouge représente le triangle, la ligne verte représente l'effort subi par la roue quand elle bute contre l'obstacle et la ligne bleue-jaune indique comment le triangle va transmettre cet effort à la suspension (càd au piston de l'amortisseur).
Sans anti-plongée, on devine aisément que la contrainte subie par le triangle forme un angle peu propice à transmettre l'effort de manière douce vers la suspension : le triangle va absorber l'essentiel de l'impact, avec un risque de casse et un manque évident d'efficacité de la suspension. Avec l'anti-plongée, l'angle est fortement réduit ce qui diminue d'autant l'impact subi par le triangle. Le mouvement sera dès lors transmis presque intégralement à la suspension dont le rôle est précisément d'absorber les chocs.
L'anti-plongée permet de réduire les contraintes mécaniques subies par le triangle avant et facilite le travail de la suspension. Son influence sur le comportement du châssis est d'améliorer la stabilité en ligne droite et la tenue du train avant en sortie de courbe. En revanche, la contrepartie de l'anti-plongée est une perte d'adhérence du train avant (et de motricité sur les 4x4) et plus généralement, une direction moins incisive, notamment en entrée de courbe.
Autre impression en regardant le châssis : une garde au sol plus haute que la moyenne. Pour en avoir le coeur net, j'ai effectué une comparaison directe avec le châssis DT-02 de mon Sand Viper :
Aucun doute possible : le Dyna Storm possède une garde au sol plus haute de presque 1cm par rapport au châssis DT-02. En revanche, quand on mesure à quelle hauteur se situe l'élément le plus haut dans la baignoire du châssis (en l'occurrence la fermeture de la trappe d'accus), on tombe sur la même valeur : environ 6cm. Conclusion évidente : malgré une garde au sol nettement supérieure, les ingénieurs de Tamiya ont fait le maximum pour conserver un centre de gravité le plus bas possible. D'ailleurs, en mesurant la hauteur atteinte par le carter de transmission par rapport au sol sur les deux buggys, on retrouve à nouveau une valeur similaire (environ 11cm). Seules les tours d'amortisseurs et l'aileron dépassent en hauteur ces mêmes éléments sur mon Sand Viper. Au final, le centre de gravité des deux châssis est globalement à la même hauteur, l'un offrant toutefois presque 1cm de plus en garde au sol.
Ces remarques sur le châssis du Dyna Storm nous donnent des indices sur l'évolution de la RC au cours des 20 dernières années, en tout cas dans la catégorie des buggys 2 roues motrices chez Tamiya. Le design du train avant indique clairement que le Dyna Storm a été conçu pour des pistes très bosselées et rapides. L'importante garde au sol nous indique elle aussi que le Dyna Storm était conçu pour évoluer sur des pistes dont les surfaces étaient loin d'être planes (très bosselées, pour ne pas dire défoncées). Sans surprise, c'était la configuration de la grande majorité des pistes tout-terrain au début des années 90 : plutôt rapides, très bosselées et dans un état qu'on jugerait à la limite du praticable de nos jours.
Ce que le châssis de mon Sand Viper nous apprend, bien qu'il ne puisse pas être considéré comme une référence dans la compétition moderne, c'est que les pistes ont radicalement changé de profil. Dans le cas contraire, il passerait la moitié du tour de piste à râcler le sol. En effet, les pistes modernes sont de vrais billards damés et si lisses qu'un châssis TT-01 peut y rouler sans problème (hormis les sauts, bien évidemment). D'ailleurs, de nombreuses pistes tout-terrain actuelles sont indoor avec un revêtement en moquette.
Pour ma part, je préfère de loin une vraie piste tout-terrain en terre qui "secoue" un peu le buggy : il me semble que ça correspond davantage à la définition de "tout-terrain" qu'un ruban de moquette. Malgré tout, je concède qu'il est plus facile de nettoyer un modèle après une session sur moquette et qu'on a beaucoup moins froid aux doigts quand on roule en salle durant l'hiver. Avec les années, il semblerait que la RC tout-terrain ait notablement amélioré le confort des pilotes .