Le problème avec les anciennes fréquences
Comme indiqué précédemment, les fréquences d'émission sont un domaine particulièrement réglementé car le spectre doit être partagé entre différents types d'utilisation. Outre les utilisations militaires, on peut citer les fréquences radio du trafic aérien civil, celles du trafic maritime, les stations de radio (grandes ondes, moyennes ondes, bande FM), les radio-amateurs dont la CB utilisée par les routiers ("cibie" en français, pour Citizen-Band)... et le modélisme radio-commandé.
Grâce à cette régulation stricte, aucun avion de ligne ne s'est jamais écrasé à cause d'un disque de Barbara Streisand joué par une station de radio spécialisée dans les aigus distordus. Prudence toutefois, car les martiens ont quand même échoué dans leur invasion de la Terre à cause de Slim Whitman (Mars Attacks!).
En revanche, de nombreux modélistes des années 80 ont expérimenté la perte de contrôle de leur modèle réduit au passage d'un camion équipé d'une CB à proximité car les deux utilisaient la même bande. En effet, le bas du spectre (les fréquences à plus faible portée) étaient attribuées par défaut aux "utilisations mineures" (comprendre : celles qu'il n'était ni dangereux ni commercialement gênant de perturber).
C'est pourquoi les fédérations de modélisme édictent des règles encore plus strictes pour encadrer l'usage des bandes de fréquences qui leur sont allouées (c'est toujours d'actualité). En effet, la perte de contrôle d'un avion pouvant être potentiellement plus dangeureuse que celle d'un bateau au milieu d'un étang, les bandes de fréquences sont réparties entre les différentes activités du modélisme radio-commandé. Ô joie : avec les évolutions de la réglementation, une radio avec une fréquence donnée peut avoir été autorisée pour tous les usages RC, puis n'avoir été autorisée que pour l'aéro-modélisme avant de redevenir enfin utilisable par tout le monde quelques années après. Bien entendu, ces restrictions et autres évolutions étaient (et restent !) applicables par pays.
Concrètement, soit vous êtes inscrit dans un club, soit vous n'avez aucune idée si la fréquence de votre radio est autorisée et si cette autorisation vaut pour votre usage en RC dans votre pays. Ceci concerne toutes les fréquences en 26-27MHz, 35MHz, 40-41MHz et 72MHz, qu'il s'agisse d'AM ou de FM quand cela s'applique.
Que faire des radios utilisant les anciennes fréquences ?
Officiellement, vous devez respecter l'usage précis pour lequel la fréquence est autorisée : un magasin de modélisme sérieux ou un club devrait pouvoir vous conseiller. Malheureusement, il est de plus en plus difficile d'obtenir des informations fiables et à jour.
En pratique, et officieusement donc, ne vous préoccupez que d'une seule choses : votre entourage.
- Vous êtes seul :
Vérifiez si quelqu'un d'autre utilise une radio dans les environs (100 mètres aux alentours). Si vous n'apercevez personne, il ne devrait pas y avoir le moindre problème. - Vous n'êtes pas seul :
Vérifiez la fréquence utilisée par l'autre personne en lui posant la question. Dans l'immense majorité des cas, il sera équipé d'une radio récente en 2.4GHz, ce qui élimine tout problème : au pire, il ne comprendra pas la question car il n'a pas connu l'époque bénie des interférences radio, sinon, la question le fera certainement sourire. Dans l'hypothèse où lui aussi utiliserait une ancienne fréquence, la règle est "0.2MHz". Il faut au minimum 0.2MHz de différence entre les fréquences d'une même bande pour éviter tout risque d'interférence (par exemple : 26.815 et 26.835). En revanche, vous pouvez utiliser la même fréquence si l'un est en AM et l'autre en FM (pas d'interférence car la modulation est différente). Si vous utilisez des bandes différentes (27 et 41MHz par exemple), aucun risque non plus.
Même si les puristes de l'aéromodélisme (en particulier) vont peut être grincer des dents à la lecture de ces conseils, en pratique, il reste si peu de monde utilisant les anciennes fréquences que vous ne devriez jamais rencontrer le moindre problème. Quant aux chères CB qui rendaient nos modèles fous dans les années 80, elles ont toutes ou presque été remisées au grenier avec l'apparition des téléphones portables.
La nouvelle bande de fréquences : 2.4GHz
C'est la norme actuellement et depuis quelques années. Tout le monde ou presque y passe, d'autant que l'offre en radios classiques à cristaux est devenue plus que restreinte (sauf sur l'entrée de gamme, et encore).
L'énorme avantage de cette bande de fréquences est qu'elle est sécurisée. En effet, le fonctionnement se rapproche de celui des appareils WiFi (la bande est d'ailleurs la même) : l'émetteur et le récepteur dialoguent selon un protocole qui "verrouille" la communication entre eux. Concrètement et schématiquement, une radio en 2.4GHz va automatiquement scanner les fréquences disponibles et sélectionner un canal libre pour établir la communication avec son récepteur. La reconnaissance du récepteur par la radio résulte de l'appairage (ou binding) entre la radio et le récepteur : c'est une opération généralement faite en usine mais qu'il est également facile de réaliser soi-même (c'est notamment le cas pour affecter des récepteurs supplémentaires à la radio). Les autres radios et récepteurs des environs en font de même, toujours en sélectionnant un canal qui n'est pas déjà occupé. En pratique, une quarantaine de radios en 2.4GHz peuvent fonctionner en même temps sans aucune interférence.
Hormis pour les amateurs de vieilles radios qui acceptent de prendre le risque de perdre le contrôle de leur modèle à cause d'une possible interférence, il est tout de même recommandé d'abandonner les radios utilisant les anciennes fréquences et de les remplacer par des modèles en 2.4GHz. Certes, l'opération représente un coût et un modèle vintage équipé d'une électronique moderne perdra forcément un peu de son cachet, mais en termes de sécurité, il n'existe pas mieux.