Le châssis du Road Wizard F1
Hormis un gros nettoyage, il n'y a pas grand'chose à faire sur ce châssis. Toutefois, deux points spécifiques du châssis ont retenu mon attention car leur conception semble expliquer la réputation de fragilité du Road Wizard F1. Le premier se situe sur le train avant :
Le triangle avant inférieur vu du dessous
Le triangle supérieur
On voit sur la première photo que le triangle est moulé à la pièce qui constitue tout le nez du modèle. En cas de choc grave sur une roue, le triangle casse et c'est l'intégralité de tout ce qui se trouve devant le servo de direction qui doit être remplacé. Ce qui vaut également en cas de casse de l'aileron avant. En course, il est donc très avisé de venir avec une triangulation avant complète et déjà montée pour parer à tout incident sur la piste : d'un autre côté, 3 vis suffisent pour démonter l'ensemble et en repositionner un autre. C'est donc une maintenance très rapide et très simple à faire dans un stand, mais ce n'est clairement pas la plus économique .
Il ne manque rien sur la deuxième photo : le triangle supérieur n'a bien qu'un seul et unique point de fixation. C'est bien entendu nettement moins solide qu'avec deux points d'ancrage, mais d'un autre côté, si un choc devait trop solliciter le triangle supérieur, le triangle inférieur aurait déjà volé en éclat. Donc avoir un ou deux points d'ancrage pour le triangle supérieur ne change finalement pas grand'chose : le seul remède préventif est de posséder une cellule avant complète d'avance.
Le deuxième point de rupture que j'ai repéré se situe sur le train arrière. Autant la faiblesse du train avant est une déduction basée sur la simple observation, autant celle du train arrière est avérée :
Rupture du support moteur
Le support moteur dans son ensemble
Il s'agit du point d'ancrage supérieur du moteur et il n'a visiblement pas aimé le traitement. Toute la difficulté va être de réparer cette pièce qui, par bonheur, n'est présente que sur le Road Wizard F1.
Tout le problème est qu'il n'y a guère de place pour implanter la moindre solution. Une première idée consistait à renforcer l'arrondi du support à l'aide d'une plaque métallique qui en épouserait la forme. J'ai abandonné cette piste à la fois parce que la fixation de cet élément pose problème (notamment à l'intérieur du C puisque la tête du moteur laisse très peu d'espace) et parce que l'espace disponible ne permet d'envisager qu'une pièce très fine et donc peu solide pour faire office de renfort.
Une autre option envisagée consistait à monter une colonne en prenant appui sur la fixation inférieure du support moteur (en bas au centre sur la photo ci-dessus). Puis d'y greffer une pièce qui prendrait appui sur l'arrondi du support moteur par l'extérieur. Idée abandonnée à la fois parce que je ne voyais pas quoi mettre en appui pour épouser la forme arrondie du support et parce que l'ensemble me semblait assez peu fiable. D'autant que l'ajustement aurait dû se faire très précisément : un appui trop faible n'aurait servi à rien alors qu'une pièce exerçant trop de pression aurait forcé sur le support moteur et provoqué un décalage du pignon moteur sur la couronne.
D'où l'idée que j'ai retenue sur les conseils des membres du forum Vintage-RC : combler le trou de la vis avec de la colle bi-composant (ou de la résine) et boucher également la fêlure par l'extérieur. Ensuite, repercer le trou pour la vis et "importer" une pièce métallique supplémentaire issue d'autres modèles (voir plus loin).
Le montage initial
Le montage final
Je ne suis pas certain que cette réparation pourra résister à de nombreuses cessions de roulage : c'est pourquoi j'ai déniché un support moteur neuf au cas où et que mon Road Wizard F1 restera en configuration Mabuchi 540 (comme mes autres modèles vintage d'ailleurs). Au passage, oui, le pignon moteur est bien un 17T : la notice ne parle que d'un 16T bien que le support moteur permette d'autres pignons. La notice de la Williams FW11B indiquant clairement que les pignons 16 et 17T sont possibles, j'ai testé sur mon châssis et ça passe. Le 18T en revanche semble rendre la transmission assez dure donc j'ai préféré ne pas insister.
Au cours des heures passées à tenter de trouver une solution à ce support moteur fêlé, une question me trottait dans la tête : mais pourquoi les designers de Tamiya ont-ils dessiné cette pièce avec une ouverture ? Après tout, il s'agit tout de même de l'un des deux points de fixation du moteur, et par conséquent un endroit sensible soumis à de fortes contraintes. Il suffit de tenir un simple Mabuchi 540 en main et de jouer avec la gâchette des gaz pour se rendre compte que la cage du moteur a une certaine tendance à vouloir tourner sur elle-même. Alors pourquoi dessiner une pièce ouverte ? La fermer permettrait de répartir la contrainte sur une surface bien plus solide.
J'ai la mauvaise habitude de ne pas être très constant dans mes efforts de concentration : même pendant que je réfléchis à un problème, mon cerveau prend la liberté de s'évader. En l'occurrence, pendant que je retournais ce fameux support moteur fêlé dans tous les sens, je me disais que Tamiya n'en était pas à son premier châssis F1. Certes, les précédents étaient assez rustiques, mais le Road Wizard F1 ayant été largement inspiré par les dernières générations Racing Master, les ingénieurs devaient déjà avoir une certaine expérience. Donc, petit détour par ma collection de manuels pour quelques vérifications :
58049 Toyota Tom's 84C (1985)
58053 Road Wizard F1 (1986)
58069 Williams FW11B (1987)
Damned ! Tous en forme de U (ou de C pour être exact). Ce n'est pas très surprenant sur la Williams FW11B qui est une "révision" du Road Wizard F1. Il s'agit donc du design d'origine sur les trois derniers modèles Racing Master qui est repris ici.
Bon... et encore avant, ils faisaient comment ?
58021 Can-Am Lola Racing Master 1 (1980)
58032 Tornado Racing Master 3 (1982)
Ah ! Cette fois on tient le coupable de ce design particulier du support moteur : il s'agit du Racing Master 3. Bouh ! Bouh... ? Euh non, pas bouh : désolé Monsieur Racing Master 3.
J'ai oublié de préciser que Tamiya a changé de matériau entre les Racing Master 3/4 (Tornado/Ford C100) et les Racing Master 5/6/7 : le design en C du support moteur sur les Racing Master 3/4 est en métal alors qu'il est en plastique sur les générations suivantes... et sur son adaptation dans les châssis des Formules 1 modernes. Sa fragilité sur le Road Wizard F1 n'est donc pas due à son architecture initiale mais résulte de l'utilisation d'un matériau moins solide (et peut être du changement d'échelle puisque les Racing Master sont en 1/12 alors que les Formules 1 modernes initiées par le Road Wizard F1 sont au 1/10).
On progresse... Voyons maintenant combien de temps Tamiya a mis pour corriger le problème :
Châssis F101 / 58084 (1990)
Châssis GroupC (1990)
Châssis F102 (1992)
Si vous avez l'impression de voir 3 fois la même image... c'est normal ! Les 3 châssis utilisent exactement la même grappe . Le design en C reste donc le même. On peut toutefois supposer que Tamiya a modifié la composition du plastique pour le rendre plus résistant car je n'ai rencontré aucun problème sur ma Jaguar XJR-12 ni sur ma Footwork FA-13.
Voyons à présent sur les plus modernes des châssis F1 :
Châssis F103 (1993)
Châssis F104 (2009)
Et bien voilà ! Enfin des supports moteur fermés... 20 ans après. A nouveau, c'est à relativiser car les supports moteurs ne sont pas particulièrement réputés cassants sur les châssis GroupC et F101/F102.
Une petite question innocente (ou pas) : se pourrait-il qu'une toute petite pièce ait eu une grosse influence dans la résistance des supports moteur en forme de C ? Au hasard, une pièce qui aurait fait son apparition sur le châssis 58084 (et GroupC) et que l'on retrouverait encore sur le châssis F104 alors que le support moteur est d'un design "fermé" depuis le F103 ?
La pièce "magique" du châssis 58084
Sur le châssis F103
Sur le châssis F104
4305259 motor plate : c'est le doux nom de cette pièce métallique que l'on trouve dans tous les châssis Formule 1 (et GroupC) Tamiya depuis le kit 58084 sorti en 1990. S'agirait-il de "LA" pièce qui résout le problème de fragilité du support moteur sur le Road Wizard F1 ?
Je n'ai pas la réponse car je ne suis pas ingénieur : je n'ai aucune idée de l'influence réelle de cette pièce. Je me suis seulement posé une question idiote pendant que je réfléchissais à autre chose .