La première plateforme

Le monde du tout-terrain a fait son apparition dès 1977 dans la gamme de véhicules radio-commandés de Tamiya, soit 1 an après la sortie du tout premier modèle de la marque. Le 4ème modèle produit par Tamiya est le XR311 Combat Support Vehicle : il inaugure un segment de marché qui sera par la suite beaucoup développé dans les années 80. Un seul autre véhicule utilise cette plateforme : le modèle 58007 Lamborghini Cheetah.

 

58007 Lamborghini Cheetah (1978)

Tamiya RA-1207 Lamborghini Cheetah

 

Tamiya RA-1207 Lamborghini Cheetah

Le boxart du XR311

Tamiya RA-1204 XR311 Combat Support Vehicle Boxart

La transmission du XR311

Tamiya RA-1204 XR311 Combat Support Vehicle Gearbox

Le châssis du XR311 réédité

Tamiya RA-1204 XR311 Combat Support Vehicle Re-release

Le châssis du XR311 original

Tamiya RA-1204 XR311 Combat Support Vehicle Chassis

 

Ces deux modèles ont des châssis identiques hormis un empattement légèrement plus court sur le Cheetah. Dans les deux cas, il s'agit véritablement de maquettes roulantes : les détails des carrosseries sont extrêmement poussés, tellement qu'il est rarissime qu'un modèle ayant roulé soit encore totalement équipé, notamment en ce qui concerne les rétroviseurs saillants. En revanche, contrairement aux premiers modèles piste, la carrosserie de ces deux modèles ne provient pas de la série de maquettes statiques "Big Scale" au 1/12ème. A dire vrai, je ne suis pas parvenu à trouver l'une ou l'autre carrosserie dans aucune gamme de Tamiya, même à une échelle différente : la seule conclusion possible est qu'il s'agit de productions spécifiques pour ces modèles.

Il est à noter que le soucis du détail cher à Tamiya n'a pu être complètement satisfait avec ce châssis puisque les modèles grandeur nature sont des véhicules 4x4 permanents alors que leurs répliques radio-commandées sont des 2 roues motrices propulsion. La fin des années 1970 marque les débuts du modélisme radio-commandé à propulsion électrique et la technologie de l'époque ne permettait vraisemblablement pas encore de pousser aussi loin le soucis du détail. Il en va de même pour la suspension qui est confiée à des barres de torsion en plastique qui se logent horizontalement sur le châssis alors que les modèles grandeur nature possèdent des amortisseurs aux 4 roues.

Voici deux vidéos des premiers modèles tout-terrain de Tamiya : la première est la vidéo de promotion de l'époque. La seconde est une splendide réalisation de TamOR, un membre de Tamiyaclub dont quelques photos illustrent cette section. A noter que j'ai été contraint de supprimer l'excellente bande-son sur la vidéo de TamOR pour des questions de droits : c'est lamentable, mais je n'ai malheureusement pas eu le choix.

 

La vidéo de promotion de 1976-1977 (© Tamiya)

Le Lamborghini Cheetah de TamOR (© TamOR)

 

Le XR311 Combat Support Vehicle est le seul des deux modèles à avoir été réédité en série limitée, qui plus est à deux reprises en 2000 et en 2011, mais il reste rare et les pièces détachées le sont tout autant. Avoir le privilège de voir encore évoluer de tels modèles qui ont pratiquement 40 ans est un véritable plaisir.

Il faut noter que le XR311 (et le Cheetah) sont des modèles au comportement extrêmement réaliste, et je ne parle pas seulement des carrosseries qui, bien entendu, participent grandement au réalisme général des modèles. Malgré une architecture à barres de torsion qui peut sembler rustique, la suspension travaille de manière admirable en absorbant très efficacement et très naturellement les aspérités du sol : la vidéo du Cheetah de TamOR en est la démonstration la plus probante. Pour retrouver une souplesse d'amortissement comparable sur un modèle Tamiya, il faudra attendre plus de 10 ans et la sortie de l'Avante en 1988.

 

Conclusion sur la première plateforme tout terrain

Stratégiquement, le point le plus intéressant est de noter que Tamiya semble ne pas avoir hésité à investir assez lourdement dans le design et l'outil de production pour développer les carrosseries totalement inédites de ces deux premiers modèles tout terrain, 1 an seulement après avoir sorti le premier modèle radio-commandé de son histoire dont il est vrai que les ventes se sont rapidement révélées très importantes.

A plusieurs égards, le XR311 se révèle extrêmement important pour Tamiya : en effet, il s'agit d'un véhicule militaire, un domaine dans lequel le monde de la maquette est très développé et dans lequel Tamiya est très présent. D'autre part, le XR311 est une maquette roulante, pas un buggy : c'est d'ailleurs certainement le premier modèle "scale" de toute l'histoire de la RC (comprendre "scale" dans le sens moderne de "trial"). La réunion de ces deux paramètres fait que le XR311 (comme le Cheetah) ne seront pas des très grands succès commerciaux, tant à l'époque que lors des deux ré-éditions qui suivront. La question légitime que l'on peut se poser alors est la suivante : pourquoi le XR311 ? Et pourquoi avoir ré-édité encore et encore un modèle qui est loin d'être un best-seller ?

Le XR311 est tout simplement le meilleur "pont" que Tamiya ait trouvé pour assurer un lien entre ses maquettes statiques et ses modèles RC (Le Fast Attack Vehicle que nous verrons plus loin en est un autre). Vous prenez la thématique qui se vend le plus sur le marché de la maquette, vous placez un châssis radio-commandé en dessous, et vous obtenez le XR311. Mais surtout, vous intéressez les fans de maquettes à thématique militaire qui vont ainsi "découvrir" les modèles RC, et vous intéressez aussi (dans une moindre mesure apparemment) les fans de RC au monde de la maquette de type militaire. En 1977, il s'agissait surtout d'attirer l'énorme base de clients Tamiya en maquettes statiques militaires vers les modèles RC. Apparemment, ça a plutôt bien fonctionné. Les ré-éditions en 2000 et 2011 servent exactement le même objectif : sur le marché actuel de la RC, le XR311 fait figure d'OVNI car il ne peut pas vraiment se rattacher à une catégorie existante et sa fragilité ne lui ouvre guère d'autres perspectives. Ceci explique ses ventes plutôt confidentielles, en revanche, le XR311 sonne comme un rappel régulier aux oreilles des passionnés de la thématique militaire en modélisme statique.

 

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